Rencontre avec Modigliani


Mes rêves se télescopent dans une explosion de sang. Où est la finalité de ces illusions perdues sur des routes aux pavés rocailleux  qui ne se soucient pas des douleurs obscures ressenties par ces piétons fantomatiques qui les hantent. J’erre sur des terres arides, glacées et inhospitalières, la connaissance s’est diluée dans un espace-temps infini dont la recherche a pour inconnue le désespoir immense qui s’est abattu sur moi comme une pluie froide et fétide. Je suis devenu, mort avant d’être né, enfermé dans la camisole infernale du refus.

Je fus avant d’être, me heurtant sans cesse à l’obscurantisme de ceux qui prennent la vie comme un du à partir du moment où ils contribuent à la perversion du monde qu’ils adorent. La dérive psychologique est assimilable au lent déplacement du vaisseau fantôme de la mort, glissant sur des flots calmes et noirs. La vanité de l’être semble être la vertu dominante où le plus faible est écrasé et soumis par des hordes hostiles et dépenaillées combattant au nom de la logique.

Quelle logique, celle de ceux qui considèrent la force comme une règle sans savoir qu’ils avancent comme une piétaille abjecte sur le chemin de l’enfer. Ceux qui au nom du droit coutumier érigent des lois d’asservissement moral. Etre différent est un crime, mes amis Bataille, Modigliani, Baudelaire, s’en voudront de me contredire. Que dire du talent des incompris qui pour survivre se réfugie dans la brume transparente d’un art désormais qualifié de sulfureux. Il est facile de vivre sur les rivages battus par un ressac doucereux  qui ne réagit que lorsque la masse abrutie par tant de servage clame haut et fort son appartenance à l’esclavagisme intellectuel de ceux qui ont déjà disparus. Je suis captif de moi-même, et coupable de ne pas avoir su  être,  modelé par l’enfer, je cogne contre des murs tapissés de matière molle s’ouvrant parfois pour laisser la place à des clous qui déchirent mes mains, je ne suis plus , prisonnier de mon ego seul bien personnel que l’on ne m’a pas enlevé, mais déchu de la faculté de penser.

                                                                         

Je trébuche et m’écroule dans la fange de la logique de l’espoir, invention perverse qui ronge sans se montrer toute la partie vivante qui me reste encore. Je ne sais pas résister à ce tourbillon morbide qui m’emporte sans que je ne puisse m’arrêter dans un calme malsain. Esprit irréel semblable au radeau détruit qui glisse sur une mer huileuse sans bruit espérant sans y croire de sombrer ou de s’échouer sur les rivages inhospitaliers basaltiques et escarpés. Les chaines de la vie m’emprisonnent à jamais, laissant des traces sanglantes sur mon corps à force d’avoir voulu m’en défaire au nom de la sacrosainte relation avec la terre.

                                                                           

L’errance à travers moi-même où j’essaie de trouver la sortie dans ce labyrinthe de fausses professions de foi m’épuise et je m’écroule transi par le froid et l’humidité de la compassion abjecte des autres. Je traverse des murs recouverts de graffitis obscènes qui montrent sans y croire un espoir non encore déchu à la gloire de la société matérialiste de la normalité. Faut-il se trouver en enfer, léché par les flammes de la beauté satanique pour ressentir les bienfaits de la médiocrité  générale élevée au rang sublime de la croyance dans le veau d’or. Je ne suis pas Moïse encore moins légendaire, tel un gueux aux vêtements dépenaillés et rongés par la vermine.

Je souffre de ne pouvoir me relever et combattre l’injustice acceptée et vertueuse prônée par les suppôts de la bonne parole et du parler vrai. Brisé par la torture infligée à mon intelligence j’ai compris que ma faiblesse et ma lâcheté avaient entrainé ma mort spirituelle, celle qui efface d’un coup un misérable qui n’a pas su comprendre. Que suis-je maintenant exclu par les autres et par moi-même appartenant au théâtre des sans gloire  jouant une pièce ou je ne suis pas acteur, me pénétrant d’un rôle qui ne suscitera que le mépris et les crachats de la gente bien-pensante et socialement correcte. Je ne fus jamais celui qui est, mais au contraire la négation de l’espèce, l’archétype qui donne sa justification à la cruauté du peuple demandant sa mort dans l’arène des bonnes intentions.

Pauvre gladiateur à la pensée incertaine dont le rêve éveillé serait de se mettre au service du plus vil afin de prendre les coups qu’il a appris à juger mérités. Pauvre, dans sa détresse intellectuelle, pauvre dans son ego sous dimensionné, l’autre lui-même n’aura que le choix de mourir ou d’accepter la persécution perpétrée par ceux qui s’affirment en tuant les faibles et leurs maîtres.

                              

                                                                                                         Copyright 2013 © Ainsi va la vie-Tous droits réservés-

Sujet: Rencontre avec Modigliani

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Quel silence pour quoi ?

Jean-Marc SAURET 21/04/2013
Que de silence dans le cœur du créateur solitaire ! Pourquoi si peu de conversation avec cet autre, si différent, qui l'élimine ou le condamne ? Pourquoi si peu de rencontre avec ceux qui vivent un autrement, vu d'ici, conventionnel et dont nous ne serions pas ?
Me reviennent les mots du Mahatma Gandhi devant l'effondrement soumis de son peuple alors que la liberté, l'indépendance le taraude : "Qui peut nous donner notre liberté ? L'Anglais ! Alors il ne peut être notre ennemi, mais bien notre partenaire". Sa théorie de la non violence n'est qu'une pragmatique...
Pourquoi le penseur isolé ne pourrait pas faire la même chose avec ceux qu'il pense ses tortionnaires ?
Bien amicalement à toi, mon cher Jean-Pierre
Jean-Marc

P.S. Quelle belle page que celle là...

Rencontre avec Modigliani

Luap 21/03/2013
Quel tumulte!
La dernière fois que j'ai ressenti une telle émotion, c'était en lisant les chants de Maldoror.
La vérité n'est pas bonne à dire.

Après quoi, je me suis servi un whisky!

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